Que penses-tu être capable de faire dans une situation limite?


Supposons que tu sois l’employé d’une corporation, jouissant des avantages qui vont de pair avec ce genre d’entreprise : un bon salaire, en-dessus de la moyenne, qui te permet de  d’avoir une vie agréable (maison, voiture, enfants etc.), un code de conduite imposé par la « propagande » capitaliste, mais que tu finis par adopter plus ou moins consciemment. A un moment donné, tu réussis à atteindre au moins une partie des objectifs qui définissent ta vie comme « meilleure ». La politique ne te préoccupe pas trop, car elle est triviale et immorale. Bien sûr, elle t’affecte, mais, en ce qui concerne ton travail, beaucoup de choses dépendent de toi : tu suis les nouvelles du marché du travail, tu essayes de faire ton travail le mieux possible, en regardant aussi ce qui se passe dans d’autres compagnies – clients, fournisseurs, ou compétiteurs.

L’étude de l’histoire se résume aux discussions avec les amis, autour d’un verre, le week-end, lors d’un « team building » ou d’un anniversaire. Peut-être as-tu une obsession, difficile à expliquer, à propos d’un certain sujet, comme la Seconde guerre mondiale. Tu décides alors  de télécharger une pile de livres dont la lecture occuperait tout le reste de ta vie.

Pour l’amour de l’exercice intellectuel, imaginons la contre-utopie suivante : en 2012, ou 2016, dans un contexte international très défavorable, en pleine crise économique profonde, un obscur parti  (autour de 2000 membres, avec un soutien bien en dessous de tout seuil électoral) fraude les élections et les gagnent. Puis, il met en place une organisation dans laquelle le pouvoir législatif perd tout poids. Il crée un Parlement unicaméral aux pouvoirs extrêmement limités, complètement subordonné au Gouvernement, qui, à son tour, est soumis à un corps de contrôle dépendant de ce parti-fantôme.

Le pourcentage acquis de manière incroyable dans ces élections est de 75% (sans aucune autre explication qu’une fraude électorale dans des proportions ahurissantes), donc rien ne peut s’y opposer. La politique promise sera égalitariste : la solution économique et morale pour sortir de la crise est de partager tout entre tous, de manière égale. Il est clair qu’il  y aura beaucoup de naïfs à croire que les fortunes du Top 300 suffiront pour que chacun reçoive quelque chose. On nationalise toutes les compagnies privées, y compris le bureau local de la compagnie multinationale pour laquelle tu travailles, qui quitte la Roumanie, pendant que notre pays est exclu de l’Union Européenne. La plupart des « nababs », les « bons » et les « mauvais », sont arrêtés, car ils sont jugés responsables de la situation économique désastreuse du pays. Une partie d’entre eux réussit à quitter le pays pour toujours.

A part la Télévision Roumaine et la chaîne de radio România Actualități, on ferme toutes les chaînes de télévision et de radio, pour des raisons d’immoralité, tout ce que l’on transmet maintenant sont des nouvelles de propagande sur les succès du nouveau gouvernement, pour le reste… Même les manele [Note de traduction : http://fr.wikipedia.org/wiki/Manele)] disparaissent (ce qui n’est pas si mauvais, après tout). Il y a encore sur Internet, dans une clandestinité complète, cachées derrière d’innombrables proxy et IP dynamiques, quelques chaînes de radio diffusant des nouvelles apparemment normales, au moins sur la forme, mais qui ne font qu’amplifier toute sorte de rumeurs.

Une grande partie de nos politiques connus de l’opposition, quelques mois après les élections, sont jugés et condamnés  à de très longues peines de prison, pour trahison. Bien que la peine de mort soit réintroduite, ils sont quand même condamnés à la prison à perpétuité, avec certains de leurs avocats. Peu d’entre eux, en général les diplomates et les anciens parlementaires européens, quittent le pays (plus précisément, ils ne reviennent plus de l’étranger) et déclarent sur diverses chaînes qu’ils ne laisseront pas les choses en l’état, une situation normale sera rétablie dans un futur proche, « au maximum 6 mois, tout au plus 1 an ».

La plupart de tes amis et collègues débattent, énervés par cette situation, puis, un par un, ils commencent à être licenciés et arrêtés. Une partie d’entre eux rentrent après des jours, des semaines ou des mois, écrasés par les coups reçus en prison, méconnaissables, la peur au ventre, une terreur si prégnante qu’ils la transmettront  à leurs descendants, comme si elle était inscrite dans leur ADN. Pour d’autres, on apprend qu’ils sont morts avant d’arriver en détention préventive, bien que cette nouvelle ne soit confirmée par aucune télévision et semble  une rumeur absurde.

Un an plus tard, tu reçois une sommation de l’État : tu as 24 heures pour quitter la villa pour laquelle tu continues encore à payer des mensualités (qui existent encore, même si les intérêts ont diminué de 50 pour cent – mais à quoi bon, tes revenus aussi sont réduits à 10% de ce que tu recevais « avant » – c’est bizarre, tant de changements depuis un an !) et simultanément, toi et celui ou celle avec qui tu partageais ta vie êtes licenciés. Tu continues à payer les mensualités, mais dans la maison il y a maintenant des émigrés du Maghreb. Ton enfant n’est plus accepté à l’école, pour une raison que tu ne comprends pas : tu es trop riche (mais tu viens de perdre ta maison et ton travail). Tous les biens qui te sont chers – la voiture, la TV LCD, les DVD, les livres, les jouets des enfants, les meubles, tes costumes chers – sont confisqués et donnés aux sans-abris.

Tu crois les avoir vus une partie de tes biens les plus chers (tu as évidemment reconnu la cravate que tu aimais)… dans la maison des opportunistes qui se sont «organisés» pour trouver un boulot auprès du nouveau pouvoir, et vers lesquels tu es allé pour demander de l’aide. Après une visite de ce genre, une semaine plus tard, tu reçois un message sur Yahoo Messenger qui te dit que tu as des informations à apprendre, mais tu ne peux pas les recevoir par écrit ou par téléphone, car tout est intercepté et peut être interprété de manière erronée.

Avec espoir et beaucoup de frustrations (entre temps, un cousin et tes témoins de mariage sont arrêtés), tu vas au rendez-vous pour en savoir plus. Trouveras-tu un emploi, même des plus humbles ? Mais la nouvelle est que, sans doute, tu seras arrêté, car tout ton cercle d’amis et collègues du département sont déjà retenus ou  recherchés (un d’entre eux est mort, de toute façon il était malade, mais la famille n’a pas pu le voir et il est enterré on ne sait pas où). D’après tous les calculs, tu récolteras  au moins 10 ans derrière les barreaux pour la faute de ne pas avoir été  très pauvre, même si tu l’es devenu entre-temps. Tu te dis, bien, cela ne peut pas durer, même s’ils t’arrêtent, cette aberration se terminera, ils ne peuvent pas nous laisser tomber, l’Europe et les États-Unis interviendront, et ce mec, le prolétaire (qu’est-ce que l’on dit sur lui, qu’il a été électricien ou plombier ?) qui conduit le pays, dont tu n’as jamais entendu parler, il n’était même pas leader syndical, eh bien, il sera arrêté et tu seras réhabilité – et les dommages-intérêts moraux que tu demanderas à l’État !…

A l’ONU, on vient de communiquer que la situation de la Roumanie est intolérable et que l’on prendra des mesures, pour le moment on suit tout, les satellites militaires forment une véritable Voie Lactée dans le ciel de la nuit, ici, à la montagne, à la lisière de la forêt, dans le village de tes grands parents, au-dessus de la maison dans laquelle tu as trouvé refuge. Ta famille est partie chez des amis, qui, pour le moment, sont ignorés par les autorités, car ils ne sont que d’obscurs fonctionnaires dans une agence d’État aussi insignifiante qu’eux. Pour combien de temps ?

Tout à coup, tu observes une patrouille qui frappe violemment à la porte et t’appelle. Il est 4 heures du matin.

Dans le tiroir de la table de nuit, tu as placé un pistolet acheté il y a un mois à un ancien militaire licencié de l’armée. On dit que parmi ces gens il y en avait qui se sont opposés aux arrestations et qui se sont battus avec des policiers, certains policiers auraient été tués, on ne sait pas exactement. Derrière la maison il y a un jardin au bout duquel il y a la forêt.

A ce moment, c’est ton destin qui se décide. QUE CHOISIS-TU ?

Participe au sondage suivant et tu verras les réponses données par Gavril, VasileTeodor, IonToma, SpiruGogu, Nicolae ou bien par leurs frères bulgares, Goryani.

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